La grotte ornée Mayenne-Sciences

Voilà désormais plus de 55 ans qu’une poignée d’hommes a connu le grand frisson, le saut dans l’inconnu et cette impression d’être percutés de plein fouet par le poids de l’Histoire ou plutôt de la Préhistoire. Ce jour de l'été 1967, sept membres de l’association Mayenne-Sciences – Luc Avignon, Daniel Bardoux, Roger Bouillon, Jean-Pierre Bouttier, Georges Foubert, Philippe Garnier et Christian Gilles – mènent une prospection spéléologique à Thorigné-en-Charnie, à proximité de Saulges. Le lieu n’est pas choisi au hasard : une bonne dizaine de cavités sont déjà connues dans les environs, dont la grotte de la Chèvre, toute proche. Le site, déjà identifié sous le nom de cave à la Dérouine, avait d’ailleurs été sondé en 1876, mais faute d'un boyau d’accès dégagé, aucune entrée n'avait alors pu être trouvée.

En 1967, l’équipe de Mayenne-Sciences persévère. Plusieurs heures de travail de dégagement lui seront nécessaires avant de pouvoir enfin pénétrer dans une vaste salle. Deux autres cavités, plus modestes, se trouvent en enfilade.

Lorsque l’équipe quitte les lieux, l’étroitesse de l’accès les oblige à sortir à la queue leu leu. Alors que le septième et dernier membre de l’expédition attend son tour, il aperçoit, par hasard, le panneau principal d’un ensemble de peintures rupestres où figurent notamment un mammouth et un cheval. Personne n’en croit ses yeux ! Cela semble irréel. Les sept spéléologues ressortent de la cavité vers 21 heures, émerveillés et bouleversés. Ils attendent le 16 juin pour révéler leur extraordinaire découverte, après être retournés dans la grotte le jeudi pour y prendre des photographies.

Ironie de l’histoire, ces découvertes seront plutôt mal accueillies par la communauté scientifique. Et pour cause : elles brisent la certitude selon laquelle on ne trouve pas de grottes ornées au nord de la Loire ! Contrairement à ce que l’on croyait encore en 1996, Mayenne-Sciences n’est pas l'unique grotte ornée au nord de la Loire. Elle n’est même pas la seule à Saulges, puisque des peintures datant du Paléolithique ont été mises au jour en 2005 dans la grotte Margot. Mieux encore, une soixantaine de fresques murales et autres dessins de cette époque ont été relevés.

La grotte Mayenne-Sciences, dénommée ainsi en hommage à l’association, a toujours été fermée au public, mais elle est reconstituée virtuellement grâce à un dispositif 3D innovant proposé par le musée de Préhistoire.