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François Pervis, le cultivateur

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Le champion cycliste s'est lancé dans la production de bambous à Villiers-Charlemagne. Le vélo ? Il n'est pas encore raccroché au clou. Il prévoit même de battre un record du monde de vitesse... 

La page est tournée. François Pervis ne tournera plus en rond comme un bolide sur les vélodromes du monde entier. Désormais, il trace d'autres sillons dans la terre de sa Mayenne natale. Le soleil de juin tape déjà fort. Il est 9h30 et cela fait deux heures que François, vêtu d'une tenue simili-militaire, est aux prises avec une terre sèche qui rend le travail difficile : "Ce matin, nous commençons la replantation de 600 jeunes bambous sur les 2 400 mis en terre il y a quelques mois et qui n'ont malheureusement pas levé. Là, je fais des trous avec une tarière mécanique. La terre est sèche en surface, mais humide en profondeur", relativise François, à peine essoufflé par l'extraction de la vis sans fin à la force des biceps. Et le voilà déjà reparti faire un petit trou, un dernier p'tit trou ! Présents à ses côtés, ses parents Colette et Patrick et son frère Sébastien sont appliqués à la mise en terre et à la gestion de l'arrosage. François est heureux ici, les pieds bien ancrés dans la terre familiale, entourés des siens : "J'ai grandi ici, où j'ai joué dans ce champ. Gamin, j'accompagnais mon père lors du nourrissage des bovins et des cochons, ou pour rentrer les oies. Je suis un gars de la campagne, un pêcheur", revendique avec fierté le Mayennais, sensible aux conditions difficiles du métier d'agriculteur. 

 

Terre promise


Aujourd’hui, sa production de bambous s’étend sur deux hectares : « Nous sommes en contrat avec le fournisseur italien qui rachètera notre production pendant 10 ans. En 2023, nous envisageons de planter notre propre hectare pour développer un business local », explique François. Car l’affaire a été mûrement réfléchie après une étude de marché exhaustive menée par son frère, ingénieur de profession, et la prise de précieux conseils auprès d’un agriculteur d’Azé, un ancien camarade de collège qui s’est lancé dans la culture de cette plante : « Quand le bambou arrive àmaturité, sa repousse est rapide. Le cycle de production n’est pas comparable avec celui du bois traditionnel. On mesure les résultats rapidement et c’est gratifiant », assure celui qui évalue pourtant mieux que quiconque la patience et le travail : « S’entraîner 30 heures par semaine pour une course qui a lieu tous les 4 ans et dure 10 secondes, effectivement je connais ! » Les débouchés de la filière sont multiples. François Pervis est intarissable sur le sujet : « Les pousses de bambous servent à l’alimentation ou à la confection de crèmes cosmétiques. Avec les chaumes (les tiges), on réalise des meubles, des objets de décoration, des jouets, des ustensiles et couverts de cuisine, des brosses à dents, des cotons-tiges, des pailles…», énumère François qui mise sur un bannissement de ces petits objets en plastique du quotidien. La protection de l’environnement fut, d’ailleurs, une raison parmi tant d’autres pour créer une bambouseraie : « Un hectare de bambous absorbe cinq fois plus de CO2 qu'un hectare de forêt et produit 35 % d’oxygène en plus. Aussi, je n’utilise pas de produits phytosanitaires », précise le jeune agriculteur.

 

Retour au soleil de Villiers-Charlemagne en cette matinée de juin. La plantation des jeunes bambous devrait demander au moins trois jours de labeur. L’arrosage goutte-à-goutte fonctionne à présent. La reconversion agricole du champion mayennais est intense ces jours-ci, mais ça ne sera pas toujours le cas. Pas question pour François de consacrer l’intégralité de son temps à la culture du bambou. Avant de remiser  les vélos de compétition, le Mayennais avait entamé d’autres activités comme la tenue de conférences en entreprises, son rôle de consultant pour France Télévisions, ou encore la réalisation de baptêmes sur vélodrome. Il les poursuivra. Et puis, il y a le vélo qui lui a tout donné et qu’il aime profondément pratiquer. Alors tous les week-ends de printemps, François a enfilé son cuissard et enfourché son vélo de route pour se frotter aux routiers, lui dont le rêve était de gagner le Tour des Flandres. Sur les réseaux sociaux, il a partagé les résultats de ses courses et ses sensations. « Je dois prendre de la caisse ! », dit-il. Cette expression cycliste signifie que son corps doit se soumettre à des efforts plus longs. Un record du monde est en préparation…

Grosse émotion le 30 avril dernier pour François Pervis au moment d’inaugurer un vélodrome qui porte son nom. Entouré de sa famille, ses supporters, de la grande famille mayennaise du sport cycliste et du président de l’Union cycliste internationale, David Lappartient, convié par le président Olivier Richefou, le natif de Villiers-Charlemagne espère que ce nouvel écrin, construit au pied d’Espace Mayenne, participera à l’éclosion d’autres champions cyclistes mayennais.

144 km/h à battre sur un vélo couché caréné


Mi-septembre, François Pervis participera au championnat du monde de vitesse de vélo couché caréné. Dans le désert du Névada, sur une bande asphaltée de 8 km en ligne droite, il s'élancera pour atteindre la vitesse la plus élevée sur les 200 derniers mètres chronométrés. Le record du monde est de 144 km/h. « Il va falloir que je produise un effort à très haute intensité pendant 4 minutes », prévient-il. Doté d’un système de double plateaux relié à une cassette de pignons, son développement peut être comparé à un 193X11 ! Les connaisseurs apprécieront. Pour préparer ce championnat, il est suivi par des étudiants d’un IUT d’Annecy. Ses premières tentatives sur la piste d’essai de Renault trucks à Lyon l’ont déjà propulsé à 110 km/h.

Type éditorial