Inauguré à Mayenne en 2012, le Mémorial des Déportés a reçu un nom nouveau : « La Vigie ». Il affiche une identité visuelle relookée. Cette démarche lui donne un nouvel élan, pour assumer avec dynamisme ses deux missions : mémoire et vigilance ! Entretien avec Jocelyne Doumeau, présidente fondatrice du Mémorial.
Dans quel contexte s’inscrit ce renouveau de nom et de projet ?
Le Mémorial des Déportés de la Mayenne a été conçu dès l’origine comme un projet mémoriel, doublé d’une mission de sensibilisation. Nous sommes passeurs de mémoire, mais aussi éveilleurs de consciences. Le Mémorial vient ainsi de fêter les 10 ans de son espace « vigilance ». Près de 30 000 personnes l’ont déjà fréquenté. Ce recul de 10 années nous convainc aujourd’hui qu’il faut renforcer l’effort de veille.
Pourquoi est-ce que cela passe par un changement de nom ?
Le Mémorial se tourne vers l’avenir et repense son image pour mettre en avant sa mission de sensibilisation, alors que des formes de discrimination, de violence et de haine subsistent (notamment sur les réseaux sociaux). Depuis plusieurs années, une réflexion autour du nom de ce lieu a été engagée, pour qu’il ne reflète pas que la moitié de notre activité. Un espace mémoire tout seul, si l’on n’en tire pas les leçons, nous apparaît insuffisant.
Vous avez choisi le terme « Vigie » : qu'est-ce que cela signifie ?
Le Mémorial devient donc La Vigie – Mémorial des Déportés de la Mayenne. Ce changement de nom s’accompagne aussi d’une refonte du logo. Nous conservons la mention des personnes déportées, car ce projet est né de leur histoire, de leur témoignage et de leur confiance dans l’avenir. Nous ajoutons cette dénomination « La Vigie », qui désigne aussi bien le poste de surveillance d’un matelot sur le mât ou à l’avant du navire. Cela illustre l’idée de prise de hauteur, de veille et d’anticipation, pour repérer les écueils au loin, alerter et éviter les naufrages.
Quels changements concrets cela annonce-t-il ?
Jusqu’à aujourd’hui, l’espace vigilance était une salle d’accueil des scolaires et de personnes extérieures, un lieu d’activités autour du civisme, proposant conférences et projections. Mais ce n’est plus suffisant. Nous devons maintenant sortir des murs, aller à la rencontre des habitants, travailler en lien avec des associations, ouvrir des cafés citoyens… C’est ce travail en lien avec d’autres acteurs du milieu associatif qui doit réellement animer notre activité de veille et la rendre vivante. Nous voulons être un trait d’union, pas des donneurs de leçons.