L’opiniâtreté et la patience d’Ernest Laurain récompensées
Ernest Laurain méritait bien une rue à son nom. Et pas n’importe laquelle, celle qui longe le bâtiment des archives départementales à Laval, un édifice qui, en 2023, fête son premier siècle d’existence et dont ce cher Ernest fut le principal instigateur
Si aujourd’hui les archives départementales défient le temps dans un lieu sûr et adapté, ça n’a pas toujours été le cas. Au cours du XIXe siècle notamment, elles furent tour à tour entassées dans un hôtel particulier de la rue du Hameau à Laval, remisées au second étage de l’hôtel préfectoral sur un plancher grinçant avant de finir dans les combles ! En 1860, les archives rejoignent un bâtiment rudimentaire construit sur le terrain de la préfecture, un lieu dépourvu de la moindre norme de conservation et très vite saturé. Les années suivantes ne seront qu’une succession de solutions provisoires et inadaptées, de transferts d’un lieu à l’autre. Bref, les archives connaissent un triste sort et il est urgent de s’en inquiéter.
Dès son arrivée en 1896 à la direction des archives départementales, Ernest Laurain dresse un bilan désastreux et alarmant de la conservation des archives.
Il s’attelle immédiatement au projet de création d’un dépôt. Après moult hésitations, la construction d’un bâtiment est enfin décidée en 1909 par le Conseil général. Il sera construit sur la prairie de la Guettière, un terrain ayant abrité un ancien cimetière lavallois désaffecté en 1887. Cependant, Ernest Laurain n’est pas au bout de ses peines. L’architecte départemental, Léopold Ridel, est chargé de l’élaboration des plans, mais son décès en 1910 bouleverse les projets. Jules-Félix Castaing, ingénieur des Ponts et chaussées de la Mayenne, est désigné pour diriger les travaux. Le chantier doit initialement s’achever en décembre 1914, mais la mobilisation générale est décrétée et les travaux stoppés durant la première guerre mondiale. Le chantier reprend en 1920 et s’achève trois ans plus tard. Ernest Laurain aura patienté vingt-sept ans pour qu’enfin son souhait se concrétise. Soixante-dix ans plus tard, en 1993, l’extension du bâtiment principal, destinée à doter le service d'une capacité de stockage suffisante pour les décennies à venir, est inaugurée. Les architectes Dominique Perrault et Alfred Heude ont imaginé un bâtiment bardé de bois qui s’intègre à l’existant, lequel sera entièrement restructuré, seules les façades étant conservées.
Créées à la Révolution, les archives départementales sont le lieu de conservation définitive des documents produits par toutes les administrations publiques établies sur le territoire du département. Seuls les documents ayant un intérêt patrimonial (ou une valeur historique) sont conservés. Elles sont enrichies de dons ou de dépôts de papiers privés (familles, entreprises, syndicats, associations, etc.). Service du Conseil départemental depuis 1986 et placées sous la tutelle scientifique et technique du ministère de la Culture et de la communication, les archives départementales collectent, classent, conservent et communiquent ces documents répartis sur près de 22 km de rayonnages.
